Ce matin, branle-bas de combat. Nous descendons jusqu'à Coinda à 130km environ au Sud de Jabiru. Petit déjeuner expédié, dernier passage aux sanitaires communs pendant que Marc débranche tout ce qui nous relie encore à ce confortable et sympathique camping.

Parés, on largue les amarres après avoir indiqué à Mme GPS la prochaine étape de notre itinéraire.

La route est toujours autant rectiligne... Comme nous n'observons aucun animal, elle devient assez monotone... Notre antenne radio étant toujours aussi cassée, pas de musique dans l’habitacle... Alors je chante ! Tout le répertoire de Michel Legrand y passe... 'Faut dire que c'est longuet 130km d'un paysage identique à chaque coup de roue...

Quand nous voyons les panneaux indiquant Jim Jim Falls et Twin Falls, nous savons que nous approchons. Nous venons à Coinda uniquement pour voir ces deux cascades, Jim Jim Fall en particulier, la plus somptueuse avec ses 200 mètres de chute...

Coinda n'est en fait qu'un camping-ville. Une station service, une réception, une petite boutique et une immensité d'emplacements de tentes, de caravanes, de camping-cars et même de petits bungalows à louer pour la nuit ou la semaine.

Comme nous avons particulièrement bien roulé, nous sommes un peu en avance... Un peu beaucoup ! Il est 11h30 et on vient de lire que le check-in n'est pas à midi mais à 14h ! Mince alors ! C'est bien tard !?

On se dit qu'on va en profiter pour réserver une journée d'excursion afin de voir nos deux cascades. En effet, la piste qui mène à ces deux merveilles n'est pas accessible en van. Il est bien stipulé que seuls les 4X4 sont autorisés, donc, nous n'avons d'autre possibilité que de partir en groupe. On n'aime pas trop ça, ça coûte un bras 438$ soit 274€ pour la journée mais c'est le prix à payer, tous les tour operators alignent leurs prix...

Mais quand on arrive à la réception c'est la douche froide... Déjà, la nana qui nous accueille n'en a rien à secouer qu'on soit déjà là, 'faut attendre 14h avant de pouvoir s'installer. L'heure c'est l'heure et les règles sont les règles... Le camping est à moitié vide mais il faut suivre les règles. Je déteste la rigidité et là elle est débile ! Ensuite, elle nous annonce que Twin Fall est encore fermée pour cause de présence de crocos... et que toutes les excursions pour Jim Jim sont complètes pour les 5 jours à venir... Whaou ! Là, c'est la méga déception ! Venir jusqu'ici pour ne rien pouvoir voir... On est assommé par la nouvelle et la nana s'en bat les flancs comme de l'an 40 ! Nous avons réservé deux nuits dans ce Coinda Lodge Kakadu camping... Nous n'avons plus aucune raison de rester me dit Marc... et il a raison. Attendre 5 jours ici n'est pas du tout prévu... On reprend nos papiers, on plante la nana peut sympa, une conférence au sommet s'impose avec un excellent café pour recadrer nos idées après ce coup de massue sur la tête ! 4$ le café servi dans du carton, c'est fort de café mais il nous faut bien ça...

Réfléchissons peu mais réfléchissons bien... Nous avons prévu deux nuits à faire du camping plus sauvage après Coinda... on va donc avancer nos plans... Comme il est trop tard pour s'engager vers une descente plus au Sud, on décide de dormir ici cette nuit et de partir demain assez tôt pour Maguk et Gunlom... 

Zou ! C'est réglé ! Si les falls ne nous veulent pas... on n'insiste pas ! En attendant 14h, on va profiter de la piscine. Celle-ci n'est pas bâchée et la température est donc normale, un petit plouf fait beaucoup de bien ! 

Nous sommes en face de gigantesques antennes et je me dis que faute de Falls, j'aurai au moins du fort réseau ce soir ! C'est toujours ça de gagner sur les deux nuits en camping sauvage où il est certain que je n'en aurai pas...

A 14h pétantes nous sommes à nouveau à la réception, devant une autre jeune fille tout aussi peu sympathique que la précédente... J'explique nos changements de plans et notre déception qui la laissent de marbre et elle nous rembourse une nuit sur les deux réservées et payées. C'est toujours ça de gagner ! On nous assigne un numéro et nous voilà à chercher notre emplacement dans un camping immense où les places inoccupées sont nombreuses. Il n'y avait vraiment aucune utilité à nous faire poiroter jusqu'à 14 h ! Quelle bande de cougnafiers... Mais le comble du comble c'est quand on constate que malgré toutes les énormes antennes autour de nous... nous n'avons aucun réseau ! Les deux gros opérateurs en Australie sont Telstar et Optus. Marc a un forfait Telstar... nous sommes en zone Optus ! Si à chaque fois qu'on fait 100 kilomètres on change d'opérateur... ça va pas être galette pour me connecter... Mais c'est pas grave... demain on change de crèmerie, ce camping, je le sens pas... Il a comme qui dirait de mauvaises ondes ! Si, si ! 

Devant tant de déconfitures... on ouvre la bouteille de Pastis ! ça remonte toujours le moral et ça accompagne bien notre petit sandwich à la sauce australienne épicée... et puis on se dit qu'on va occuper notre fin d'après-midi du mieux qu'on peut dans un endroit qui n'a pas l'air de nous apprécier beaucoup...

On commence par faire le tour de ce camping qui malgré la présence signalée de crocodiles est installé en bord de rivière... logique Australienne !

Mais la balade est courte et il n'y a pas grand chose à voir sur cette berge qui nous est d'ailleurs interdite... Nous décidons alors de sortir du camping et d'aller visiter un centre culturel retraçant l'histoire des aborigènes du coin... On ne s'attend pas à grand chose car depuis que nous sommes ici, les centres culturels aborigènes sont d'une pauvreté déconcertante... Les Australiens se moquent totalement de ce pan d'histoire de leur pays. Ces centres ne sont que de belles vitrines pour touristes... mais faute de mieux, nous nous y rendons. C'est le Warradjan Aboriginal Center. 

Mais à notre grand bonheur nous sommes agréablement surpris. C'est le premier endroit digne d'être appelé "Musée" ! On y apprend des tas de choses sur le quotidien des aborigènes avant la venue de l'Homme blanc, le bâtiment est en cercle et on y reste un bon moment à découvrir des objets dont nous n'aurions jamais deviné l'utilité sans les explications données.

Un petit cinéma passe ensuite un long film sur la région en saison des pluies... On arrive enfin à imaginer l'abondance d'eau qui s'accumule ici rejointe par la mer inexorablement... Et on comprend également comment crocodiles de mer et crocodiles d'eau douce co-habitent ici en telle abondance... Comme tous les musées, le petit shopping center ne manque pas en fin de visite et Marc qui cherche LE chapeau à ramener fait de nombreux essayages. 80$ le capeu... 'faudrait pas se louper ! 

Mais malheureusement, il ne se décide pas... Mon Crocodile Dundee doit avoir une idée précise de chapeau en tête car il ne succombe pas à la tentation.

Puis, comme il nous reste encore une petite heure avant que ce soleil d'hiver ne décline rapidement, nous prenons un sentier de randonnée indiquée non loin du centre, le Yellow Water. On ne comprend pas bien le nom du lieu car il n'y a rien de Jaune dans ce royaume du bleu et du vert !

De belles passerelles passent au-dessus des marécages, nous sommes seuls au monde et il y règne un silence simplement interrompu par les chants d'oiseaux et le clapotis d'un superbe pélican qui chasse tranquille sans que notre présence ne le dérange en quoi que ce soit... Nous avions besoin de cet endroit paisible pour bien terminer cette journée si décevante...

Marc, toujours en quête de narines part en éclaireur, je reste à l'arrière avec tout plein d'oiseaux dont je ne connais pas le nom mais que c'est franchement pas important !

Lorsqu'il revient sur ses pas c'est pour m'annoncer que les passerelles s'arrêtent à 500 mètres plus loin... l'eau submerge encore la totalité du chemin de randonnée... La saison des pluies cette année a du être bravement conséquente pour que l'eau soit encore si présente en ce mois de Juillet, cœur de la saison sèche... On rebrousse chemin et on croise un monsieur qui porte beau chapeau et surtout belles paires de jumelles ! Il est tout heureux de nous faire part de sa découverte, la présence d'un buffle sauvage ! Nous sommes passés à côté sans le voir ! Ils se confondent vraiment avec le paysage... Trop beau ! 

Nous quittons cette passerelle, heureux comme des minots. Les animaux de ce lieu ont tous rattrapé notre grande déception des cascades... Ganeshou nous a sauvé la mise comme à son habitude ! 

Rentrés au camping, nous remarquons un écran géant près de la piscine... et nous sommes ravis de voir que nous sommes les seuls à ne pas nous agglutiner devant, comme des abeilles sur du miel ! Nous dînons sous la lune et les étoiles dans un silence de roi et de reine comme on aime ! Quand Marc va se coucher, j'allume mon ordi et commence à travailler en mode hors ligne puisque je n'ai pas de réseau. La nuit est extraordinaire même si elle est souvent brisée par des hurlements qui viennent de l'endroit où se trouve l'écran géant... Je percute soudain que tout le camping doit être devant un match de quelque chose... et que l'Australie doit gagner car les hurlements deviennent totalement hystériques !

Et puis le silence revient momentanément comme le calme après la tempête... et c'est le déferlement d'Australiens et d'Australiennes, tous imbibés d'alcool... Je les ai vus dans cette état sur Bali mais en si grand nombre, c'est ma première fois ! Ils défilent tous devant mon bureau dans la nuit... vociférant, rotant, pétant, ayant quelques mots salaces pour certains, ça vole vraiment bas et cette grande concentration de gros cons fait peur à voir ! Je suis obligée de plier bagage car beaucoup sont vraiment lourds...

Bien entendu, les uns rejoignent les autres et pendant bien une heure après match l'ambiance est toujours aussi ancrée dans la beuverie sonore et déplaisante sans aucun égard pour nous, peuchères de non alcoolisés. Heureusement nous quittons les lieux demain... De toutes les façons, je l'avais dit à Marc, en arrivant dans ce camping... "Cet endroit, je le sens pas ! Il est tout plein de mauvaises ondes !" Bien entendu et comme d'habitude, il m'a rétorqué que j'étais une illuminée... N'empêche que l'illuminée... elle avait raison !