Réveil glacial ce matin... Le vent s'est levé et souffle sur Katherine. Même Marc déjeune avec sa polaire ! Moi, j'en suis déjà au pull et à la doudoune sur le dos... J'ai du mal avec mon thermostat HS à réguler avec ces températures qui font le yo-yo. 18°C après les 32° d'hier... c'est trop difficile pour mon organisme qui n'est fait que pour une chaleur constante. Je sais, je sais, je suis frileuse mais là, il y a de quoi !

Mes deux puis trois cafés avalés, histoire de me réveiller, je vais dire adieu à mes jolies chouettes à bec de crapaud car Marc est déjà en train de programmer Madame GPS pour notre prochaine destination. Il pète le feu et moi, je commence à me sentir fatiguée... J'ai une barre en-dessous de la poitrine côté droit qui commence à bravement mal me chatouiller. Je dis rien mais c'est parfois très douloureux.

A la sortie du camping, c'est Marc qui fait ses adieux à nos copines les chèvres rencontrées hier soir en rentrant de nos eaux thermales à 30°C... Mon Dieu que j'aimerais toujours rester à cette température... Quand je vois Marc déjà en T-shirt, je me dis que je suis une calamité ambulante... Si, si ! Je me parle souvent et pas toujours en bien ! 

Nous quittons cette drôle de ville sans grands regrets... Ces rues quadrillées, ces commerces qui ferment à l'heure des poules, ces maisons sur pilotis qui n'ont aucun charme... ne nous laisseront pas un souvenir inoubliable.

A peine quelques kilomètres plus loin, nous retrouvons le Far West. Des ranches, des élevages de chevaux et de buffles, de grandes entrées sur de grandes propriétés.

Marc qui a regardé un peu les prix des domaines ici, se verrait bien en train de jouer les cow-boys sur une immense plaine qui lui appartiendrait... Il se voit pilotant un petit hélicoptère ou un petit avion, bricoler, planter des arbres fruitiers. Et voilà mon Crocodile Dundee qui se transforme en Charles Ingalls dans La petite maison dans la prairie !!!! Bababaou ! Vivement qu'on passe sur la Côte Est ! J'ai pas du tout envie de finir ma vie au milieu des crocos, des serpents, les pieds dans l'eau pendant la longue période de la mousson !

Quand on arrive au Nitmiluk National Park qui est à peine à 26km de Katherine, il est encore très tôt. Comme à Coinda, la route s'arrête sur notre futur camping et sur les fameuses gorges que nous sommes venus admirer. Mais, mis à part le camping et les abords de la rivière, tout est vraiment très très sec... On a réservé trois nuits ici afin de randonner au-dessus de ce grand canyon mais on doute déjà d'y rester aussi longtemps...

Les rangers du parc ne nous font aucun problème sur notre arrivée matinale et nous laisse nous installer à l'endroit de notre choix mais force est de constater que c'est le camping le moins agréable que nous ayons eu jusqu'à présent... Les emplacements sont petits et même s'il n'y a que nous pour l'instant, on a peur de se retrouver les uns sur les autres ce soir...

Après un petit café, Marc qui pète le feu au contraire de moi qui n'arrive toujours pas à me réveiller, nous décidons de passer au Visitor Center afin de réserver notre excursion de demain dans les gorges, seul moyen de les visiter pour cause de présence de crocodiles. Puis, on attaquera une petite rando de 4km afin de se mettre un peu en jambe et on profitera un peu de la piscine. Très bon programme pour un 14 Juillet ! 

Alors que nous sortons du véhicule, nous avons l'agréable surprise de tomber sur une maman Wallaby qui doit avoir l'habitude des campeurs car elle n'est nullement effrayée.

On reste longtemps à admirer notre première maman et son petit. Ni l'un ni l'autre ne nous craignent, c'est trop mignon de voir le bébé sortir et rentrer dans cette poche très extensible !

Ils ont l'habitude des lieux et se baladent entre campeurs et piscine, chapardant par ci par là des pelures de fruits ou de légumes que nous laissons tous traîner dans des sacs non fermés avant de les mener aux poubelles. 

En traversant la piscine nous constatons que celle-ci aussi est bâchée... elle va encore être gelée, c'est plus que certain vu les températures de la nuit ! On ne comprend pas pourquoi ils optent pour ce système... A quoi sert d'avoir une piscine si on ne peut s'y baigner !? Ils mettent peut-être peu de produits dedans pour l'entretenir claire et font des économies mais le client paye pour une piscine dont il ne peut profiter ! Il n'y a d'ailleurs jamais personne que les enfants pour y rester... Encore une fois, je pense que seul Marc profitera des lieux !

Comme les sanitaires sont sur notre chemin, on repère où sont les machines à laver car le départ pour la Côte Est approche et on voudrait bien refaire nos valises avec du linge propre et repassé. 

4$ la machine sans la poudre, c'est le même prix dans tous les campings. On décide de faire notre grande lessive en revenant de notre mini-rando.

Tout se présente à peu près bien, notre programme de la journée est fait et un petit pipi s'impose avant de partir ! Mais je peux vous dire que le pipi est vite expédié ! C'est la première fois qu'on nous annonce qu'il n'est pas rare de voir des pythons olives enroulés autour des cuvettes de WC par ici ! Consigne est donnée de ne pas les perturber ! Bababaou ! 'Risque pas que j'aille les perturber ! Par contre, je suis déjà perturbée moi-même rien qu'à l'idée d'en voir surgir un de dessous la porte ou directement de la cuvette ! Marc est prévenu, le pipi du soir se fera dans le Van !  

En 10 minutes nous sommes déjà au visitor center. C'est un grand bâtiment moderne qui donne sur la rivière en contre-bas. C'est très beau. C'est aussi la cantine du camping pour ceux qui ne se font pas à manger. Les prix sont assez chers mais tout ici est cher !

Quand vient notre tour pour réserver notre excursion de demain, nous nous retrouvons comme à Coinda, le bec dans l'eau ! La balade des trois gorges que nous voulons faire est complète sur plusieurs jours... Mais pourquoi n'acceptent-ils pas qu'on réserve par téléphone !? C'est un truc qui me dépasse ! Entre leur Internet qui fonctionne un coup sur deux et leur organisation d'excursions à la one again, on se demande si on est vraiment dans un pays civilisé ! C'est là que l'Asie me manque ! C'est vrai que c'est moins clean, c'est vrai que c'est plus bordélique, c'est vrai que c'est moins sécurisé mais en Asie, il n'y a jamais de problèmes, toujours des solutions ! 

Ici, ça leur fait ni chaud ni froid qu'on vienne de loin pour voir leurs Gorges et qu'on se retrouve, dos au mur, dans l'incapacité de les faire ! Heureusement, il reste encore de la place pour la navigation sur deux gorges alors on s'inscrit vite et surtout on paye ! Je vous dis pas le prix de la balade ! 171$ pour deux ! Quand je pense qu'on se plaint souvent du prix du bateau pour les îles de Frioul... ici, alors que le carburant est parfois à moins d'un euro le litre, ils nous font payer des sommes vraiment indécentes... C'est écœurant ! Zou ! 'Faut rester zen, sinon je vais me faire une embouligue !

L'inscription faite, on se dirige vers la carte des randonnées à faire dans le coin. J'avais notée une petitoune de 4km, histoire de prendre connaissance des lieux. C'est la Baruwei Loop Walk.

Marc est en super forme et regarde la crête avec bonheur. Quand je pense que j'ai toutes les peines du monde à le faire marcher en Provence, ici, il cavale comme un lapin !

Dès les premières marches qui montent au-dessus de la rivière, je sais que je vais peiner. Cette barre qui me prend comme un coup de poignard parfois en-dessous de la poitrine me coupe le souffle et surtout les jambes... Ce coup-ci, je préviens mon homme... Je ne suis pas très en forme...

Mais tranquillou tranquillette, la montée se passe et en me focalisant sur l'effort j'arrive à oublier ma gène douloureuse surtout que la vue est superbe !

Encore une fois, on a du mal à imaginer la plaine devant nous, totalement submergée en saison des pluies... La Nature est extraordinaire...

Et puis nous attaquons la montée sur le plateau et quittons le début des Gorges. Marc en tête et moi à l'arrière comme d'habitude sauf que là, je vais vraiment à la lenteur d'un escargot !

Les randonnées sont en Australie balisées par de petites flèches. Elles sont parfois au sol mais souvent en l'air, accrochées aux arbres. Les couleurs ne sont pas comme chez nous associées à des difficultés ou facilités. Si le lieu présente plusieurs randonnées, chacune aura sa propre couleur.

Arrivés sur le plateau, nous découvrons notre camping comme vu du ciel et l'unique route qui mène au site des Gorges.

Nos 4 kilomètres de petites rando sont terminées et Marc s'interroge sur une deuxième un peu plus longue qui nous permettrait d'avoir un second point de vue sur les Gorges... Il est persuadé, en étudiant la carte, que nous allons rester sur le plateau et qu'il n'y aura aucune difficulté à poursuivre. Comme je gère mon mal au côté et qu'il est encore trop tôt pour rentrer, j'accepte de jouer les prolongations.

Et nous voilà partis dans un paysage qui devient très beau au milieu de rochers rongés par l'eau et le vent. D'ailleurs ce dernier souffle toujours autant mais avec la température qui vient de soudainement grimper, on s'en régale !

Mais au bout d'une heure de marche, la douleur se fait plus pressente, j'ai le souffle court... Je m'arrête souvent sur ce chemin qui n'est plus du tout le même que pour notre première rando. On marche dans des endroits escarpés, nous sommes encore seuls au monde au milieu de nulle part et aucun de nos deux téléphones, avec leurs histoires de réseaux partagés, ne nous permet d'appels d'urgence ! C'est quand même un drôle de pays !

Et en plus, ça grimpe ! Je commence à bravement souffrir au milieu de tous ces cailloux sous un soleil devenu de plomb. Mais en bon petit soldat, j'avance à mon rythme. Qui va piano, va sano... c'est bien connu ! Manquerait plus que je me foule la cheville par dessus le marché !

A force de me répéter que cette balade n'est rien comparée à celle du volcan Ijen (voir L'enfer d'Ijen 2018, ici) l'an dernier, j'arrive à rejoindre Marc qui est déjà en admiration devant le second point de vue sur la rivière.

Et c'est vrai que c'est beau ! On reste sur ce balcon de pierre un long moment, on boit beaucoup et on constate que nous n'avons pas pris assez d'eau... Décidément, entre nos chaussures qui ne sont plus du tout adaptées pour un sentier rocheux et notre ridicule petite bouteille d'eau, nous faisons vraiment figure d'inconscients ! 

Comme cette petite halte a fait disparaître mon mal au coté, on décide de rallonger un peu notre deuxième rando par un petit 800 mètres supplémentaire qui devrait nous mener à un troisième superbe point de vue. Zou ! C'est reparti et c'est encore de la grimpette. Marc prend son rythme, je garde le mien.

Ce troisième point de vue est encore plus superbe et il nous tarde demain pour être en bas de ce canyon et admirer ces belles falaises.

On aperçoit des canoës tout en bas mais on ne voit pas vraiment l’intérêt d'en louer... il est interdit de se poser sur les berges pour cause de possibles crocodiles...

Quand on quitte les lieux, nous n'avons plus beaucoup d'eau et en plus elle est très chaude... Mes lèvres commencent à gercer que c'est rien de le dire à force de me passer la langue dessus. La balade se poursuit entre montées et descentes, toujours plus difficiles...

Et puis, nous empruntons carrément le cours d'un ruisseau à sec ! Les Australiens ne se foulent pas dans l'aménagement de leurs itinéraires. La solution de facilité est ici bien évidente... mais pas évidente pour les pieds ! C'est un enfer et on marche de plus en plus lentement alors que le soleil d'hiver commence à décliner...

Au bout d'une heure, je n'ai pas honte de le dire, je n'en peux plus. Marc loin devant, je m'accorde des poses de plus en plus longues afin de pouvoir continuer. J'ai les pieds meurtris, tout n'est que douleur.

Quand Marc m'annonce que nous avons encore 8 km à faire et qu'il faut accélérer le rythme car nous avons oublié nos frontales dans le van, je sais que ça va être très très dur.

Avec ce nouveau rythme plus soutenu, mes coups de poignard dans le côté recommencent... Entre ça et les pieds mon enfer commence. Alors dans ces cas-là, 'faut que je râle ! Et je peux vous dire que je râle fort ! Je râle après ces Australiens qui ne sont pas foutus d'indiquer la difficulté des randonnées qu'ils balisent ! Si on avait su que cette piste était rouge, on ne l'aurait pas prise à 3 heures de l'après-midi ! Je râle après moi qui aurait du prendre mes baskets ! Je râle après les caillasses qui viennent se glisser sous mes talons ! 

Marc a l'habitude, il me laisse râler tout mon saoul, continuant à me donner la cadence de plus en plus soutenue, surtout que Madame la Lune vient de poindre sa jolie frimousse.

Les derniers kilomètres se font dans un silence macabre... surtout qu'on vient d'apercevoir dans le sable des traces d'ondulations très reconnaissables... 'Manquerait plus qu'on tombe sur un de ces fameux pythons olive... Beurk ! 

Je vous dis pas comme ça vous transcende ce genre de frisson qui vous parcourt l'échine et toute la colonne vertébrale... Alors, comme d'habitude dans ce genre de situation, j'enclenche le monde automatique... Je sais pas comment je fais mais c'est un truc inconscient. Je me détache de mon corps, mon cerveau envoi des ordres à mes jambes qui avancent toutes seules. Un pas après l'autre, un pas après l'autre, ne surtout pas s'arrêter, ne surtout pas interrompre cette monotonie cadencée, ne surtout pas penser, oublier la douleur, les douleurs, faire abstraction de soi...

Quand on arrive enfin devant Chouchou van, Marc est soulagé, la nuit peut enfin tomber sur nous, cela n'a plus aucune importance... et elle nous tombe brutalement dessus. Nous venons de faire 12 kilomètres et nous n'avons qu'une hâte, prendre une bonne douche réparatrice... 

Sous l'eau bouillante, les pythons peuvent venir, je les attends de pieds meurtris mais fermes ! Aucun rampant ne viendra me lever ce plaisir d'une douche bien chaude et j'y reste longtemps !

Mon homme a beau me fanfaronner qu'il n'est pas fatigué, nous mangeons vite fait une salade et tombons dans les bras de Morphée quasiment en simultané tous les deux. C'est le 14 Juillet... nous n'irons pas ce soir danser au Balletti !