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Par Isabelle Escapade le 25 Mai 2015 à 17:52
Je reviens des Saintes... et j'ai une de ces putaing de boufaillisses
que je sais pas si je vais m'en remettre !
Déjà l'an dernier, je criais "Honte à vous" gens de peu de foi !
Aujourd'hui, je pleure en disant "Vous avez gagné" !
***
Hier, c'était la procession de Sara La Kali...
mais occupée ailleurs, j'ai pas pu m'y rendre...
Pas grave me suis-je dit ce matin, en sautant dans les pantaluches !
Je vais assister à celle des Saintes, Marie Jacobée et Marie Salomé.
Je me les aime tout pareil et puis j'irai prier Sara, une pierre trois coups, vé !
Ni une ni deux, j'étais déjà dans Chouchou la Kangoo, vitres ouvertes,
gipsy music à fond les caissons toute contente de retrouver Los Gitanos de chez moi
après avoir passé dix jours con los gitanos del Andalucia !
D'entrée, j'ai trouvé strange de pouvoir me garer pratiquement au cœur de la petite cité
d'habitude toute emboucanée de voitures, de caravanes, de camions,
de piétons et de saltimbanques...
C'est vrai qu'aujourd'hui, dernier jour de pèlerinage, il y a toujours un peu moins de monde
que les premiers jours... mais jamais ce n'est aussi désert !
Pile à l'heure pour la messe de 11h, j'ai tracé jusqu'à l'église sans entendre,
même le bruit sourd d'une guitare olé olé... Qué sé passa !?
Dans l'église... bien peu de monde comparé à la messe pour Sara...
Sur le parvis... dégun... ou presque !
Dehors pas un jupon, pas un pied qui danse flamenco, pas un chant, pas un cri...
mais un moulon d'officiers dans des uniformes tout bien propres
qu'on aurait pu s'en faire un collier de saphirs, façon perles bleues
dans des dégradés de municipaux jusqu'aux gendarmes...
Quand aux camps... sur le bord de l'esplanade ou bien côté des étangs... tous bien alignés,
bien rangés, bien millimétrés, bien... déserts de tout ce qui fait l'ambiance festive habituelle...
Pire encore... des roulottes folkloriques tout près des rues bondées de touristes
qui se régalent à lécher des glaces et les vitrines de boutiques qui n'existent même pas en
hiver et qui sont tenues par des gens qui ne sont même pas de chez nous !
Qué misère ! Vous le croyez que j'en ai pleuré !!!???
Vous le croyez que j'ai même pas suivi Jacobé et Salomé jusqu'à la mer !!!???
Que je me suis même pas jetée dans les eaux sacrées des Saintes !!!???
Non ! Pas le coeur... le coeur de rrrien du tout, tè !
J'ai pris un verre au soleil à la terrasse d'un café
à essayer de comprendre le pourquoi du comment de cette désertitude d’âme,
le pourquoi du comment de cette ville policée, espionnée de partout...
Je me suis remémorée mes quatre jours passés à Granada pendant la fête de Cruz de Mayo...
Je n'y ai vu, en tout et pour tout, qu'une seule voiture de police
de l'aube au presque petit matin...
Mais j'ai vu tout un pueblo unido, gitanos ou pas, chrétiens ou musulmans...
participé à une fête populaire gaie et vibrante.
Mais ici, au cœur de ma Camargue... j'ai comme qui dirait l'impression qu'on est en guerre !
Mais en guerre de quoi !?
C'est quoi cette peur de l'autre qui anime tous ces gens qui marchent dans les rues...
C'est quoi ce désir de l'interdit, ce désir d'air aseptisé, ce désir de vivre sous haute surveillance
de peur de rencontrer celui qui est différent et donc forcément mauvais...
C'est quoi cette façon de voir et surtout de vivre le monde !?
Où est donc passée notre fameuse et célèbre Liberté Française !?
Où est donc passée notre fameux "Vivre ensemble" au soleil du Sud !?
Sur quel autel ont-ils tous deux été sacrifiés !?
Je ne comprends pas... Je ne comprends plus moun pais et mon pays tout court !
Je suis allée priée Sara avec quelques gitans rescapés...
Sara la Kali protège nous... Ils sont devenus fous !
Mais même là... j'ai eu droit à la pire des counas qui puisse exister...
Une folle, qui ne comprenait pas que nous faisions tous la queue pour prier, toucher
et embrasser Sara... alors que la Madame pressée ne voulait que prendre sa photo
comme trophée de sa journée... exaspérée devant notre patiente attente
et notre ferveur partagée...
Sait-elle seulement ce que représente Sara pour nous !?
Certainement pas... Madame voyage, façon fast-travel, avide de nouvelles photos
qu'elle montrera à ses amis tout aussi avides non pas des choses
qu'ils voient et vivent mais qu'ils collectionnent à la va vite...
Qué misère, cette ignorance des yeux ; Qué misère cette aridité du cœur et de l'esprit ;
Qué misère ce manque de curiosité de l'autre et de sa culture ;
Qué misère cette haine qui circule dans certaines veines...
Mesdames Messieurs les craintifs, les peureux, les haineux...
VOUS AVEZ GAGNE...
Les Saintes Maries de la Mer en ce dernier jour de pèlerinage...
étaient à votre image !
Je ne vous salue pas !
Mistouline
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