7h du matin, tout le monde debout ! On a tous les deux des têtes de déterrés... Encore une nuit sans vraiment bien dormir... Depuis notre arrivée sur Cairns, nos nuits ne sont jamais profondes et toujours entrecoupées de multiples réveils. Nos hôtes hier soir, on fait un boucan du diable... Ils vivent au-dessus de notre chambre et le parquet qui est en bois craque terriblement. Nous entendons tout ce qui se passe à l'étage... La TV à fond, les rires, les dialogues sur le film visualisé et les griffes du chien qui court et qui doit toujours finir sa course en bombant dans une porte (du moins on le suppose) nous ont fait rire un moment mais plus très longtemps quand on se couche tôt pour se réveiller tôt... Et j'oubliais le train ! Il y a un drôle de train qui passe lentement mais surement au pied de la piscine. C'est une sorte de mini-locomotive qui traîne derrière elle de très nombreux wagonnets... Ce train passe deux fois dans la journée, deux fois dans la nuit... On ne sait pas du tout ce qu'il peut transporter puisque nous l'avons toujours vu passer à vide... Bref, nuit pas sympathique du tout et surtout on commence à fatiguer à ne pas pouvoir récupérer... Du coup, on est très lent... Nous voulions partir à 8h mais on a vraiment deux de tension ce matin...

Ce n'est qu'à 9h qu'on arrive enfin à fermer les valises. Nos hôtes dorment encore, on laisse les clés sur la porte et on embarque dans Pépète toute fraîche d'une nuit encore mouillée.

Comme ce sont nos premiers longs kilomètres vers le Sud (400km), Marc a téléchargé hier soir de la musique sur le téléphone. On vient de passer 3 semaines sans musique dans Chouchou Van et ça commence à faire longuet pour les deux amateurs que nous sommes... Quand Michael Bublé se met à chanter, on en pleurerait presque ! Marc n'aura plus à supporter Michel Legrand chantonné par moi, toute la sainte journée !  Zou ! C'est parti pour de nombreuses heures, assis dans un véhicule qui semble nain après notre bien aimé énorme Van... Qu'il me manque celui-là !

Nous quittons Cairns assez rapidement, il n'y a guère d'embouteillages, c'est pas comme chez nous... La route est belle, deux voies de chaque côté, on se dit qu'on va très rapidement avaler ces 400 kilomètres qui nous séparent de Townsville où nous faisons une étape avant Airlie Beach, notre destination finale. Le temps est toujours très grisounet mais il ne fait pas froid et c'est toujours ça de gagner.

Dès la banlieue de Cairns derrière nous, nous découvrons des kilomètres de... cannes à sucre ! Nous ne pensions pas qu'on la cultivait par ici... 

Nous roulons entre Cordillère et cannes à sucre, tout en longeant toujours cette voie ferrée qui passe à côté de la maison de nos hôtes... On ne la comprend pas. L'écartement des voies n'est pas du tout celui d'une voie ferrée normale et nous ne voyons aucune locomotive l'emprunter... Mais par contre, nous traversons de très nombreux passages à niveau, sans barrière, qui signalent les éventuels trains par des feux clignotants... ça nous intrigue vraiment beaucoup...

Au bout de 100 kilomètres de plantation de cannes à sucre, nous n'avons plus aucun doute, c'est vraiment l'activité économique première du coin, avec les vaches et les bananiers ! 

Et encore 100 kilomètres plus loin, nous comprenons enfin à quoi servent ces mini-rails qui nous accompagnent depuis Cairns !

C'est un réseau uniquement réservé à la culture de la canne à sucre, des kilomètres et des kilomètres de rails qui permettent le transport immédiat de la canne, des fermes aux sucreries, c'est le Cane Train !

Ceci explique pourquoi notre route est limitée entre 80 et 100 kilomètres heure, qu'elle n'a plus qu'une seule voie et qu'on rame ! Mon Dieu qu'on rame ! ça fait déjà deux heures qu'on roule et on a toujours pas vu la mer mais seulement ces champs de cannes à perte de vue... Heureusement c'est toujours très vert et très beau mais encore une fois, nous ne voyons que des cadavres de wallabies écrasés sur la route... Côté faune sauvage c'est morbide ou minimaliste. La culture intensive a très certainement du les faire fuir ou les faire mourir.

Et puis nous arrivons enfin à voir la mer au niveau d'une ville ou d'un hameau qui se nomme Cardwell ! Comme on comprend que nous n'arriverons jamais à tenir notre timing d'arriver vers midi à Townsville, nous décidons de nous arrêter boire un café sur une plage au soleil car plus on descend vers le Sud plus le soleil brille et plus les températures remontent ! 27°C ça nous change des températures d'hier !

Mais comme toujours depuis que nous sillonnons ces routes australiennes, il est presque impossible de trouver où boire, où manger, en terrasse au soleil quelque part ! C'est dingue ! On roule encore un petit moment avant d'enfin trouver sur une espèce d'aire de repos, un mini food truck face à la mer qui vend ce vilain café américain toujours meilleur que du Nescafé. Le paysage est magnifique et on s'installe les pieds dans le sable, au paradis...

Tout en buvant notre café, on se demande bien pourquoi avec un temps pareil, il n'y a guère de monde sur la plage ni même dans l'eau... C'est en marchant un peu pour se dégourdir les jambes que nous avons la réponse à notre question...

Nos collègues les crocodiles nous ont suivi... ils sont partout... la baignade est encore interdite... Pendant que Marc s'en va en quête du crocodile des mers, je me pense que ce pays-continent est vraiment comme un Paradis perdu... Les paysages sont magnifiques, il existe une faune et une flore qu'on ne trouve nulle part ailleurs mais il regroupe aussi les espèces les plus dangereuses pour l'Homme... A quoi sert de vivre au bord de la mer si on ne peut en profiter que je me dis en regardant toutes les belles maisons qui m'entourent et qui regardent cette mer inaccessible... ?

Qu'ont pu faire de si terrible les anciens hommes d'ici pour se voir ainsi fermer les portes d'un tel paradis par tant de dangers sur terre et en mer !? 

Quand nous reprenons la route, nous sommes chacun dans notre silence et nos pensées... Marc ne me croyait pas quand je lui disais que même la Côte Est n'était pas si facile à vivre. Je crois qu'il s'imaginait une Côte d'Azur à l'Australienne mais certainement pas une superbe plage bordée de cocotiers où seuls les crocodiles seraient autorisés à y nager ou y bronzer...

Nous nous arrêtons encore une fois à un point de vue sur cette mer. Les nombreux cours d'eau qui s'y déversent expliquent certainement la présence des crocos dans cette baie. 

Et puis nous reprenons la route bien décidés à ne plus nous arrêter jusqu'à destination. Passé ce promontoire, le paysage change du tout au tout. Nous passons d'une verdure extrême à une grande sécheresse... Moins que dans les territoires du Nord mais la différence est flagrante. C'est comme une ligne de démarcation.

L'herbe est de plus en plus sèche, nous retrouvons des forêts d'eucalyptus et même parfois des termitières ridiculement petites à côté des Magnétiques du Litchfield Park.

Quand nous approchons enfin de Townsville, il est 14h et on en a plein les bottes... Comme je n'ai rien trouvé à moins de 100 euros la nuit dans cette ville, que je suppose très touristique, on a réservé une chambre dans une auberge de jeunesse. On n'est plus bien jeune mais à 35€, ça vaut vraiment le coup, pour une nuit, de partager des sanitaires et de se préparer le petit déjeuner.

La Civic guest house backpacker n'est pas très loin du centre. On paye 3 dollars le parking pour la nuit, tout à côté et on décharge nos affaires. C'est certain, ce n'est pas un palace ! Marc a l'impression d'être en prison mais on a un frigo, le lit est super confortable et si la chambre tient dans un mouchoir de poche, ce n'est pas pire que la cabine du bateau aux bubulles ! Moi, ça me rappelle ma jeunesse et je m'y sens de suite à mon aise.

Les sanitaires sont hypers propres, les règles y sont strictes comme partout dans ce pays, on ne devrait pas avoir de mal à s'endormir après 22h, heure à laquelle toute l'Australie semble se coucher. Après avoir jeté un œil à la cuisine pour voir si on peut se préparer un bon petit déjeuner, on est rassuré, il y a tout ce qu'il faut, café à volonté, bouilloires et grilles pains sont à disposition. Tout ça est parfait que je fais à Marc qui n'a pas l'habitude de ce genre d'endroit et qui reste très dubitatif.

Et puis, on s'en va visiter cette ville qui fait face à Magnetic Island. Marcher nous fait un bien fou après toutes ces heures assises à se concentrer sur la route. Il n'est pas facile de conduire à gauche, de rester vigilant à tout, ça fatigue énormément et Marc est fatigué. Je le vois, je le sens et puis je vois aussi qu'il est déçu. Je crois qu'il ne s'attendait pas à ce que nous voyons. Moi non plus d'ailleurs mais peut-être que j'avance dans ce pays sans me faire aucune illusion... Je n'ai jamais rêvé de l'Australie, lui, si.

Que vous dire de cette ville  !? Elle est encore et toujours très propre, très rectiligne, posée comme un décor très vide... Vide de monde et donc vide de vie. Nous arrivons encore à l'heure de la fermeture des magasins, tout est fermé ou presque... J'éprouve encore la sensation d'être dans une maison "témoin" ou une maison toute nouvellement habitée...

Nous cherchons à gagner la mer qui ne serait qu'à 10 minutes mais le plan qu'on nous a donné ne doit pas être à l'échelle et il est très mal fait. On tourne en rond, même Marc ne le comprend pas... On ne veut qu'un bout de mer, du soleil, une terrasse, boire un verre et se reposer ! Et bien, ici, on dirait que c'est toujours la mer à boire ! 

Quand enfin on trouve ce bord de mer tant attendu, là encore, nous sommes déçus... Non seulement il n'a rien d'extraordinaire mais en plus on galère encore pour trouver un endroit où se poser.

La plage est déserte, il est interdit de s'y baigner, l'eau n'est de toute les manières pas très claire et il n'y a qu'une terrasse à peine au soleil où nous pouvons prendre enfin un verre et nous désaltérer. Un peu dépités, on se demande bien pourquoi l'hébergement est si cher par ici, il n'y a rien à y voir et surtout rien à y faire, mis à part la visite de l'île en face qui est un Parc National où nous n'avons pas prévu de nous arrêter...

Désaltérés et un peu reposés, nous décidons de faire tout de même le tour de cette étrange ville, histoire de dire qu'on est allé au bout du bout de tout... On quitte ce bord de mer décevant et on grimpe sur une colline qui a l'air d'être le coin huppé. Les maisons y sont très belles, les jardins superbes, tout est encore très très propre... mais le silence et ce manque d'âme... rendent les lieux... ennuyeux à mourir ! 

Revenus à notre point de départ, on décide de faire comme les Australiens... De manger à 17h30, ça tombe bien on n'a pas déjeuné aujourd'hui, et d'aller nous coucher le plus tôt possible pour partir tout pareillement demain matin. Et comme on a besoin de se faire du bien... on se cherche un petit resto Indien, ça doit bien exister dans cette ville si bon chic bon genre, non !? Et on trouve ! Les prix sont identiques à chez nous, on croise les doigts que ce soit aussi bon !

On a énormément de chance, celui-ci est fréquenté par des Indiens, c'est plutôt bon signe ! On commande tout ce qu'on aime, histoire de se remonter le moral et on se casse le petit ventre que c'est rien de le dire !

Y'a que le vin qui est encore une véritable catastrophe ! Marc insiste ! Il a goûté le rouge, le rosé, ce soir c'est le vin blanc et c'est toujours autant de la piquette ! Moi, j'ai goûté le cidre d'ici, il est très bon, pas cher et je ne vais rien essayer d'autre ! Rien qu'à voir ça tête, je sais que c'est une désolation ! Et pourtant, on ne choisit pas le premier prix... c'est de la piquette style Grand Margnat... Moi, je m'abstiens, c'est pas la peine de jeter l'argent dans des verres qui ne donnent pas l'ivraie des papilles.

C'est dans la nuit déjà tombée que nous rentrons vers notre auberge de jeunesse en passant devant le Croco du soir qui va nous faire faire des cauchemars, c'est certain !  

 La ville est toujours aussi silencieuse, vide et froide malgré une température bien douce, 22°C en hiver...